Accompagnement personnalisé

Voici un article repris du site internet de la ligue des familles. Cet article explique un aspect méconnu de la réforme de l'enseignement primaire : le co-enseignement" aussi appelé l’accompagnement personnalisé (mentionné lors des réunions de rentrée). 

 

RENTRÉE 2022-23 : L’ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ: ON SE PARTAGE LA CLASSE 

De l’avis des observateurs et observatrices qui suivent les grands travaux de rénovation de la rentrée, c’est assurément le plus grand changement : l’accompagnement personnalisé. Dit AP, dit co-enseignement. Prenez place, on vous explique. Et c’est plutôt enthousiasmant.

 

Sans une once d’hésitation, pour Carole Benoist et Geoffroy Le Clercq de de l'équipe du chantier « tronc commun » à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), c’est l’accompagnement personnalisé qui culmine sur la première marche au podium des grandes révolutions. 

 

Comment ça va se passer ? 

Dès cette rentrée 2022-2023, les 1re et 2e primaires vont voir à certains moments de la semaine des équipes de professeur·es se partager la classe. Le mot d’ordre ? Y aller progressivement. Cette année, ces duos de profs vont se faire sur deux périodes de la semaine. Pendant cinquante minutes. Puis, une fois le système mis en place, accepté tant par les élèves que par les profs, ces périodes de co-enseignement se répèteront jusqu’à quatre fois par semaine en 1re et 2e primaire.

Un bilan sera effectué au bout d’un an, tant pour s’échanger les bonnes pratiques que corriger les éventuels couacs. Chaque année, ce principe va s’étendre au reste des classes : les 3e et 4e en 2023, les 5e et 6e en 2024. Ces classes bénéficieront de deux périodes d'accompagnement personnalisé. 

 

Pourquoi ce principe ? 

L’objectif est double. D’abord, il consiste à accompagner tou·tes les élèves de façon plus personnalisée afin de leur consacrer une approche quasi individuelle si besoin. Il s'agit également d'inscrire les professeur·es dans une nouvelle dynamique d’enseignement. L’idée est donc de transformer intrinsèquement la relation prof/élève et d’essayer une autre façon de faire classe. 

 

Ancien professeur, Geoffroy Le Clercq a une vision très fonctionnelle de la façon dont ces modules peuvent se déployer. « Il est possible désormais de booster la possibilité de travailler sur plusieurs niveaux. Par exemple, on peut créer des groupes de besoin. ‘Vous n’avez pas compris ce que l’on a vu mardi ? Alors on s’y attaque à cinq-six’. Bien sûr, l’idée n’est pas de créer des sous-groupes homogènes, au contraire, c’est un temps où les élèves peuvent aussi expliquer aux élèves. Au niveau de la pratique, on pourrait également imaginer que pendant qu’un·e prof enseigne, l’autre observe en vue de rendre ces modules encore plus efficaces. Ce qu’il faut voir surtout, c’est la possibilité de créer des tas de choses ». 

 

Tout cela peut également s’avérer être un pas de géant pour tout ce qui concerne le renforcement de la langue d'apprentissage. 

 

Qu’est-ce qui change ? 

Pour beaucoup de parents, cette idée d’enseignant·es qui travaillent en duo n’est pas neuve. En effet, dans de nombreuses écoles, notamment dans les établissements à pédagogie active, l’idée de mêler les pratiques existe déjà. Nos expert·es de la FWB y voient surtout une possibilité d’échanger et d’alléger les pratiques. Et pourquoi pas d’apporter un côté sécurisant à certains enseignant·es (notamment les moins expérimenté·es). 

 

Mais ce n’est pas tout. L’idée de cette réforme consiste aussi à ouvrir la classe à d’autres professionnel·les que des enseignant·es. Certaines expériences pilotes ont été menées avec des logopèdes et ont obtenu des résultats très concluants. Très prudemment, Carole Benoist et Geoffroy Le Clercq espèrent que d’autres associations pourront voir le jour. De quoi permettre à l’école de s’ouvrir à d’autres expertises et de nouvelles pratiques. C’est tout ce que souhaitait Claude Prignon de la coalition des parents populaires dans le grand dossier de la rentrée dernière. Il encourageait l’école à faire tomber ses palissades et à s’ouvrir à d’autres compétences. Reste à voir si ça ne va pas créer des tensions chez certain·es profs qui peuvent percevoir ces nouveaux et nouvelles venu·es comme une menace. 

 

Est-ce que ce principe va évoluer ? 

Ce que l’on aime dans cette approche de la réforme, c’est qu’elle n’est pas présentée comme un principe ferme et définitif. Elle semble assez souple et évolutive. Nos deux expert·es ont répété qu’il faut avancer avec prudence et qu’un temps d’appropriation pour toutes et tous est impératif. De plus, les bonnes pratiques qui émanent de ces séances de co-enseignement seront partagées sur le serveur e-classe, avec un vrai souci RGPD (protection des données) en tête. De quoi partager les inspirations. 

 

Dès la rentrée 2023-2024, des formations basées sur les observations du terrain seront dispensées pour renforcer cette idée d’accompagnement. La FWB ne résonne pas en termes de recettes toutes faites et compte beaucoup sur la créativité de chacun·e pour avancer au mieux. 

 

Quel avantage pour mon enfant ? 

L’équipe de la FWB l’assure, ce dispositif est la porte d’entrée numéro 1 pour soutenir au mieux les élèves. L’idée est de créer un climat de classe plus apaisé. De permettre aux enfants en difficultés d’avoir un temps différent pour rattraper le retard et aux élèves qui ont plus d’avance, non seulement de consolider les acquis mais aussi d’expliquer aux autres, à leur manière, ce qu’ils ont compris et quelle méthode fonctionne pour eux.

 

En cela, on ne peut qu’abonder, toutes les études - notamment celles qui ont trait à l’inclusion scolaire - expliquent que l’hétérogénéité dans une classe est une force pour tous les enfants. Le co- enseignement a pour vocation de créer une relation de confiance avec un autre adulte. De multiplier les visions éducatives, de tirer parti de la force du duo. S’il faut tout un village pour élever un enfant, pourquoi ne faudrait-il pas plusieurs adultes pour parfaire son enseignement après tout ? 

 

CÔTÉ PROFS 

Partante
« J’ai expérimenté ce principe dans mon école plusieurs années. Puis je suis revenue à un enseignement traditionnel, parce que la direction de l’époque me l’a imposé, sans justification. D’abord, en ce qui me concerne, ç
a a été difficile de faire machine arrière. Pour moi, il n’y a que des avantages à partager sa pratique. Au niveau de l’enrichissement et de la relation avec les élèves, on travaille par petits groupes, on comprend mieux où sont les failles. On se dit les choses autrement, on est moins dans la confrontation. Et puis, je pense vraiment que voir d’autres frimousses que la nôtre fait du bien aux enfants. Cela crée d’autres temps, d’autres rites et d’autres dynamiques. Je comprends que ça fasse peur à certain·es, mais, pour moi, il n’y a que des avantages. » 

Éliane, professeure de 2e primaire à Bruxelles 

 

Complètement contre 

« D’abord, cette mesure est injurieuse vis-à-vis de notre profession. L’idée d’ouvrir à d’autres métiers en dit long sur la façon dont on considère le métier : n’importe qui peut enseigner. De plus, il y a toute une dimension tue par la FWB qui consiste à toujours aller plus loin dans la façon d’évaluer les profs. C’est contre cela que toute la profession se mobilise. Et puis, certaines visions de l’éducation sont incompatibles. Le temps d’accorder nos violons ne va pas s’opérer comme par enchantement en quelques semaines. Ce temps perdu va se faire au détriment des enfants. C’est une mesure complètement hors sol qui va nous faire perdre du temps à toutes et à tous. » 

Boris, professeur de 4e et 5e primaires à Liège 

 

Dans le cartable de vos enfants 

Pensez à jeter un œil dans le cartable de votre chérubin·e, la Fédération Wallonie-Bruxelles y a glissé une note explicative pour mieux comprendre ce dispositif. Et pourquoi ne pas le lire et l’expliquer aux enfants de manière à ce qu’ils soient le mieux préparés possible ? Après tout, un peu d’anticipation ne peut que renforcer la bonne marche de ce principe de co-enseignement auquel on souhaite donner toutes ses chances. Dans un seul objectif. Lequel ? Celui du bien-être scolaire des enfants, bien sûr.